mardi 6 avril 2010
libé
Ils voudraient y croire. Mais ça n’est pas gagné. Les opposants à la semaine scolaire de quatre jours s’étaient réunis mardi à Paris au siège de la FCPE (la première fédération de parents d’élèves), pleins d’espoir mais aussi de scepticisme. Motif : évaluer la détermination officielle d’en finir avec le rythme actuel qui épuise les élèves - un programme à avaler en quatre jours à raison de six heures quotidiennes de cours, avec en plus une demi-heure d’aide individualisée pour les plus faibles… Le 18 mars,le ministère de l’Education a diffusé sa circulaire de rentrée, un texte destiné aux recteurs et aux inspecteurs fixant les priorités de l’année. A la surprise générale, on peut y lire : «L’organisation de la semaine en neuf demi-journées (en incluant le mercredi matin) est encouragée chaque fois qu’elle rencontre l’adhésion.» C’est vague et placé à la fin d’un paragraphe au milieu de la circulaire. Mais c’est écrit. Et c’est un vrai changement de cap.
La généralisation de la semaine de quatre jours, à la rentrée 2008, est l’exemple même de la réforme bâclée, appliquée à la hâte sans penser aux conséquences. Xavier Darcos est alors ministre de l’Education. Nicolas Sarkozy veut supprimer l’école le samedi matin pour faire plaisir aux parents qui partent en week-end, donc surtout à son électorat. Darcos ajoute les familles recomposées à qui cela compliquerait la vie. Et il supprime le samedi. La semaine est réduite à vingt-quatre heures d’enseignement - contre vingt-six jusqu’ici - condensées sur quatre jours. Les écoles qui fonctionnaient le mercredi matin continuent de le faire. Mais les autres - l’immense majorité - passent aux quatre jours. Pour en changer, elles doivent demander une dérogation, une procédure compliquée. Les quatre jours deviennent la règle, sans que personne ne l’ait jamais demandée. Le comble : Darcos avoue que personnellement, il n’y est pas favorable. Dans sa bonne ville de Périgueux, perdue depuis, il avait d’ailleurs instauré les quatre jours et demi…
Aujourd’hui la France est le seul pays d’Europe à avoir une semaine scolaire aussi courte. Ses élèves sont parmi ceux qui ont le moins de jours de classe dans l’année - autant dire qu’ils sont surchargés. Les spécialistes s’accordent à dire qu’un élève ne peut se concentrer six heures par jour, et qu’il a du mal à se remettre au travail après deux coupures hebdomadaires. Mais l’habitude est prise par les parents, les profs et les municipalités. Pour revenir en arrière, il faut un vote du conseil d’école de chaque établissement, où les enseignants sont majoritaires et guère enthousiastes à l’idée de revenir le mercredi. La FCPE va redemander des votes, en priant pour que les inspecteurs, cette fois, la soutiennent et que les profs s’abstiennent.
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